Épiphanie solaire

Grimoire Intangible — Fragment inscrit à l’instant où la lumière frôle le seuil

Ce matin-là, je travaillais sur l’Appel du Roi Cerf. Les mots se formaient lentement, porteurs d’un message ancien, celui d’une venue, d’un souffle créateur. L’ambiance était calme, le ciel dehors voilé d’un gris doux, presque neutre. J’étais absorbé, dans ce moment suspendu où l’on ne fait plus que transcrire ce qui nous traverse. Et alors que j’atteignais le passage qui annonce la venue du créateur, une lumière inattendue s’est imposée.

Le soleil, jusqu’ici voilé par les nuages, a percé avec une intensité surprenante. Il ne s’est pas contenté d’éclairer : il a réchauffé, enveloppé, embrassé. C’était une chaleur soudaine, profonde, qui m’a saisi comme une main posée doucement sur l’épaule. Mon corps s’est figé, non par peur, mais par reconnaissance. Ce rayon n’était pas un hasard. Il est venu juste là, sur ces mots, à cet instant. Il est resté quelques minutes seulement, puis s’est retiré lentement, caché à nouveau par le voile du ciel.

Je suis resté silencieux, traversé par une impression étrange : celle d’avoir été visité. Comme si quelque chose — ou quelqu’un — avait acquiescé en silence, confirmé une direction. Était-ce le Roi Cerf lui-même ? Était-ce un clin d’œil de Sélénébre ? Je ne le sais pas. Mais je sais que cette lumière ne m’a pas simplement réchauffé — elle m’a relié. Et depuis ce moment, une phrase s’impose doucement : la lumière répond, quand l’invisible approuve.

Gohu — marcheur entre les brumes

Précédent
Précédent

Brumeline : baguette d’intuition grise