Les Reliques Intérieures
Le jour où j’ai allumé mon intuition
Il y a des histoires que l’on ne raconte pas tout de suite. Elles attendent, lovées dans un recoin du cœur, entre oubli et présence. Certaines surgissent un jour, comme des lucioles, parce qu’on est enfin prêt à les voir briller.
Celle-ci est née lors d’une retraite, à un moment où tout semblait s’effondrer. Ce n’est pas une grande histoire, mais elle m’a transformé. Elle parle d’un objet trouvé, d’un silence habité, et d’un signe. Elle parle surtout de cette fine lumière qui persiste dans les heures troubles — et de ce que l’on choisit d’écouter.
Il y a des retraites qui nous dépouillent plus qu’elles ne nous apaisent. Des jours où l’ombre prend toute la place, même lorsque l’intention était lumière.
C’était dans un sanctuaire, un lieu retiré où je m’étais rendu avec une amie précieuse. Mais dès les premiers instants, un événement fâcheux est venu troubler le silence. Il s’est imposé, envahissant l’espace comme un cri dans une chapelle vide. Il a suspendu mon esprit, assombri le chemin.
Et puis, un jour, j’ai fui les murs pour suivre un sentier. Je marchais, le cœur lourd, quand mes pas m’ont arrêté net. Là, juste devant moi, presque invisible, une petite branche gisait. Grise. Un peu tordue. Mais parfaite.
Elle portait en son centre un long nœud, comme une veine de bois nouée sur elle-même. Elle semblait respirer doucement. À peine perceptible, une lueur grise s’y allumait. Une flamme pâle, fragile, mais tenace. Elle n’était pas belle au sens ordinaire, mais exacte. Présente. Dualité silencieuse entre douceur et tension, lumière et cendre.
Je l’ai ramassée. Et en la tenant, j’ai su.
C’était une baguette. Ma baguette.
Elle m’était offerte.
Et dans ce geste simple, une partie de moi s’est ranimée — celle qui ose encore croire que certaines choses choisissent de nous apparaître. Même dans la brume.
Surtout dans la brume.
Ce qui m’a trouvé ce jour-là ne m’a plus jamais quitté.