Brumewalker est un espace liminal, une marche dans la brume où quelque chose — ou quelqu’un — transforme l’invisible en matière, où l’algorithme touche la magie, où la mémoire s’incarne, et où l’âme se révèle à travers les objets et les images habitées.

Une traversée créative dans les brumes

BRUMEWALKER est un projet artistique signé Gohu, artiste visuel et créateur d’univers hybrides. Il réunit des œuvres numériques, des objets rituels et des textes, tous ancrés dans un monde imaginaire nommé Sélénébre : un territoire intérieur où se croisent la mémoire, l’oubli, le rituel et l’intuition. À travers ce projet, Gohu explore la manière dont des éléments invisibles — émotions, rêves, archétypes ou même algorithmes — peuvent devenir des formes tangibles. Les œuvres prennent la forme d’images numériques imprimées, de fleurs symboliques, de maisons-poèmes, de bijoux-talismans, ou encore de textes à mi-chemin entre incantation et narration.

Au cœur de cette démarche se tient la figure du Brumewalker. C’est un être qui se meut à la lisière de ce qui sépare les mondes. Un mage gris qui marche entre l’ombre et la lumière, sans jamais se fixer à l’une ni à l’autre. Son chemin se trace dans les zones d’équilibre instable, là où les frontières se brouillent et où les opposés cohabitent. Il ne cherche pas à dominer ni à révéler : il veille, il écoute, il traverse. Son rôle n’est pas de convaincre, mais de maintenir l’espace nécessaire à ce qui veut naître dans l’indécis. Cet être liminal agit dans les replis du réel. Sa magie est discrète, fondée sur le discernement, les gestes subtils, les présences voilées. Il marche dans la brume, non pour s’y perdre, mais pour y maintenir un passage vivant. Il habite les seuils — ces lieux où tout vacille, où la mémoire s’efface, où le visible hésite.

C’est par sa présence que le monde de Sélénébre peut exister. Il n’en est pas l’auteur, mais le gardien silencieux. Il soutient les images, les objets, les incantations qui en émergent. Chaque fragment présenté ici porte l’empreinte de sa vigilance, de sa quête d’équilibre et de sa marche dans l’invisible. Sélénébre est un monde à la fois intérieur et mouvant. Il ne se situe nulle part, mais s’ouvre à ceux qui savent percevoir au-delà des formes. C’est un territoire de brume et de mémoire, un espace fragile où l’art devient rituel, où les objets contiennent des présences, et où les mots sont des seuils. Sélénébre ne cherche pas à être défini : il se ressent, il se traverse, il murmure. Le Brumewalker en est le témoin actif, le lien entre ce monde et le nôtre.

BRUMEWALKER se déploie en plusieurs volets successifs, appelés manifestations. Chaque manifestation explore un aspect particulier de Sélénébre. La première, intitulée COVEN – Grimoire Intangible, est une série d’œuvres visuelles et textuelles inspirées par les rituels oubliés, les entités hybrides et la magie grise. Elle présente des figures récurrentes comme le Roi Cerf, gardien silencieux de l’ordre effacé, ou les fées de l’oubli, entités bienveillantes qui veillent sur la transformation intérieure. Ce n’est pas une série fermée, mais un cheminement artistique, où l’artiste avance au rythme de ce que la brume lui dévoile. Chaque nouvelle œuvre, chaque objet ou texte ajoute une pièce au puzzle de Sélénébre.

Ce projet est aussi une réflexion sur la place de l’intelligence artificielle dans la création. Gohu l’utilise comme un outil intuitif, un miroir génératif, capable de faire émerger des formes nouvelles à partir de gestes humains. Loin d’effacer la main de l’artiste, l’IA devient un partenaire de création, une extension sensible du processus.

Au croisement du rituel, du récit et de l’expérimentation visuelle, BRUMEWALKER invite le public à entrer dans un univers sensible, poétique et décalé. C’est un espace où l’on ne cherche pas à tout comprendre, mais à ressentir, à s’ouvrir à ce qui échappe, à suivre un chemin personnel entre clarté et ombre.

Quelque chose veille encore. Un souffle ancien, un territoire d’échos.
Sélénébre s’ouvre à ceux qui savent écouter l’oubli.